Avec Gabriel Garcia Marquez, c'était en quelque sorte ma première entrée dans le monde de la littérature hispanophone. Du moins ma première entrée réussie. Jusqu'ici, l'insipidité du Songe de Caldéron et les frasques d'autres auteurs dont j'ai, depuis longtemps, oublié le nom, ne m'avaient jamais plus intéressée que cela.
Mais avec ce roman... quel choc !!! Cent ans de solitude est d'ailleurs impossible à résumer. Garcia Marquez nous balance sa fresque épique et familiale en pleine figure. On suit les pérégrinations de la famille Buendia, depuis l'arrivée au village mythique de Macondo jusqu'à la déchéance de celui-ci. Déchéance qui, d'ailleurs, touche aussi cette famille dont on relate l'histoire sur plus de quatre générations.
Chez Garcia Marquez, tout est fluidité, mouvance et nostalgie. A l'image de son style, les personnages évoluent dans leur imaginaire, leurs superstitions et leurs rêves. Les fantômes viennent se poser au pied d'un arbre, où hantent la pièce d'une maison, l'inceste guette les Aureliano, et le cycle infernal des peurs des membres de la famille se répète de génération en génération. Il est parfois un peu difficile de se rappeler la filiation des protagonistes qui portent souvent les mêmes prénoms, mais qu'importe, l'auteur nous emporte dans son tourbillon d'aventures. Chez les Buendia, l'autorité est incarnée en la personne de Ursula, la doyenne qui finira par devenir aveugle et entreprend un commerce de caramel avec sa bru, Sainte Sophie de la Piété. Le colonel Aureliano, lui, après avoir été un héros de guerre, se perd dans la fabrication de ses petits poissons en or.
Histoire de pas faire compliqué, Marquez a appelé plusieurs membres de la famille du même nom |
Les autres moments ou personnages qui m'ont plus sont: l'orpheline Rebecca, recueillie par les Buendia, qui tombe amoureuse du fils aîné mais le tue par amour, le fantôme de Melquiades pesant sur la maison, l'incroyable légerèté de Remedios la Belle qui s'en va dans les airs, la joie de Meme, les cauchemars de José Arcadio le Second, hanté par le wagon de morts assassinés par son frère jumeau, la visite de Ursula à son fils dans la prison... et bien plus encore. On referme le roman happé par la nostalgie que désire transmettre l'auteur.
un peu d'histoire: Garcia Marquez est associé au mouvement 'réalisme magique', dont font aussi partie plusieurs auteurs latino-américains. Dans ces textes, réel et fantastiques se mêlent alors que les personnages tiennent cet assemblage pour acquis, ainsi, le spectre de votre ennemi surgit les soirs d'insomnie, une jeune fille s'élève dans les airs pour ne plus jamais revenir sur terre, et l'ombre d'un gitan plane enfouie dans l'une des pièces de la maison.
Cent ans de solitude est aujourd'hui considéré comme l'ultime roman de réalisme magique, qui transparaît aussi dans le style. Garcia Marquez ne suit pas un développement chronologique mais mélange passé, présent et futur à la manière de la mémoire humaine. Il élève les traditions et le folklore colombien au rang de mythe, si bien que chaque moment de l'histoire prend une dimension épique. L'insatiable soif de connaissance des personnages masculins semble détruire l'isolation du village, pendant que les femmes sont effrayés d'enfanter des rejetons avec des queues de cochon, selon une malédiction qui peserait sur la famille.
Les nombreuses images et métaphores donnent au texte une touche incroyablement poétique. D'ailleurs, le style n'est pas sans rappeler celui de Salman Rushdie dans Midnight's Children, qui demeure, à présent, un de mes romans préférés.
Cent Ans de Solitude est un incontournable qui mérite bien son statut de grand classique. A lire, donc.
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