Londres, 26 décembre 2013
Certains livres vous marquent à jamais. Une fois terminés, vous quittez à regret une certaine atmosphère, des personnages saillants ou profonds, si bien que vous éprouvez des difficultés à ouvrir un autre roman. L'univers de ces ouvrages vous a happé et vous en retardez la lecture des chapitres finaux.
L'Ombre du vent en fait partie.
A la fois intrigue policière, roman d'apprentissage, histoire d'amour tragique, celui-ci concentre à peu près tous les ingrédients nécessaires à l'élaboration d'un bon récit regorgeant de rebondissements: un style enlevé mais poétique, un héros attachant, un antagoniste ténébreux à souhaits et une bonne dose de coups de théâtre pour couronner le tout.
Nous sommes en 1945 dans la Barcelone d'après-guerre, à l'apogée de la dictature franquiste. Le jour de ses dix ans, Daniel Sempere est accompagné par son père dans un mystérieux endroit: le Cimetière des Livres Oubliés. Il est alors initié au rituel secret de ce repère: désigner un livre qui scellera à jamais son destin. C'est vers L'Ombre du vent de Julian Carax que son choix se porte. Alors qu'il entre dans l'adolescence, Daniel, fasciné par cet auteur qui semble connu seulement d'un petit nombre d'initié, se met à retracer les pas de l'écrivain. Et surtout parce qu'un homme sans visage les recherche, comme lui, mais dans un seul but: les brûler.
L'Ombre du vent est une véritable ode à la lecture et la littérature européenne. La passion que le jeune Daniel ressent à la découverte de son roman favori est contagieuse, bien vite, le lecteur s'aperçoit qu'elle est un miroir des sensations qui l'habitent. Les livres incarnent pour Daniel un refuge face aux atrocités du monde extérieur.
Ce premier opus vous fera successivement sourire, réfléchir, peut-être même vous arrachera quelques larmes. L'hypnotique ambiance qui s'en dégage demeure malgré tout franchement sombre. L'époque de la guerre civile sert de toile de fond au déroulement de l'intrigue, d'où la présence de certains événements qui se démarquent par une extrême violence. A bout de souffle, son suspens devient presque insoutenable à mesure que vous progressez vers le dénouement final, si bien que vous passerez peut-être une nuit blanche pour dévorer les dernières pages, sans pouvoir vous arrêter. Jé défie quiconque de parvenir à déceler le secret de Julian Carax.
L'Ombre du vent possède toutes les qualités du romanesque. Folie, meurtre, espoirs brisés s'y mêlent, pour entraîner le personnage principal dans un tourbillon d'aventures dont il ne ressortira pas indemne. Le lecteur non plus.
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