vendredi 29 mai 2020

Entre modernité et traditions : transgressions à l’anglaise

« Enfin il me fit part de son motif : il avait imaginé les femmes très différentes de ma personne, et, parce que mon corps lui déplut dés la nuit de noces en ce 10 avril, il ne fit jamais de moi sa femme », écrivit Euphemia Gray à son père.

John Everett Millais, L’ordre de libération, 1746, 1852 – 1853
Huile sur toile, 102,9 x 73,7, Tate Britain, Londres

La période victorienne recèle d’anecdotes croustillantes qui mettent en scène des femmes et leur soif de liberté. Malgré les essais d’universitaires sur les soins féminins qui récusent l’utilisation de crèmes et produits dépilatoires, force est de constater que la stricte éducation des aristocrates et bourgeoises était bel et bien influencée par les canons esthétiques de l’époque. Le combat d’Effie Gray pour l’obtention de son divorce du critique John Ruskin est à ce titre emblématique. S’il est attesté que le mariage ne fut jamais consommé, plusieurs sources spéculent sur la raison profonde de l’amateur d’art : lors de la nuit de noce, la découverte des poils pubiens de son épouse l’aurait vivement écoeuré. La série Desperate Romantics nous présente une scène au cours de laquelle Effie, bouleversée, surprend son mari à observer avec fascination les dessins érotiques de Turner. Après leurs cinq ans de mariage, le véritable motif de Ruskin est demeuré un mystère mais il n’a cessé de répandre cette vision contemporaine des victoriens chastes prônant la vertu féminine. Nommé en effet exécuteur testamentaire à la mort de Turner, il rassembla le legs du génie romantique : environ 400 aquarelles figuraient ainsi dans la collection Ruskin. Reste à savoir si le critique a véritablement été à l’origine de la destruction des dessins érotiques du Maître[1].


Joseph Mallord William Turner, Etude de figures érotiques, vers 1805
Aquarelle et crayon graphite sur papier, 27,4 x 37,5 cm
Tate Britain, Londres

Ruskin présenta sa femme à Millais qui accompagna le couple lors de son voyage en Ecosse de 1853. C’est à partir de ce moment que Millais réalisa esquisses et dessins d’Effie. Les séances de pose pour Millais constituèrent un prélude à la liaison entre l’artiste et son modèle, toujours mariée à Ruskin. Paradoxalement, elle incarna la femme fidèle d’un rebelle écossais qui avait été remis en liberté après son séjour en prison dans L’Ordre de libération. Heureusement, Effie parvint à remporter l’annulation du mariage. Elle continua à poser pour Millais qu’elle épousa ensuite. Elle eut 8 enfants avec lui.
John Singer Sargent, Madame X, 1884
Huile sur toile, 208,6 x 109,9 cm
The Metropolitan Museum of Art, New York
Un changement d’attitude envers les femmes s’opère vers la fin des années 1880, après la mort du Prince Albert. Les britanniques se mettent alors à imiter les françaises de la Belle Epoque. La liberté relative des cocottes captive ces londoniennes à la mode qu’on désignera sous le nom de "professional beauties". Le pastelliste Frank Miles (1852 – 1891) réalisait des portraits de ces femmes de qualité, arbitres du style et de la mode. Parmi les noms les plus illustres sont : Mary Cornwallis-West[2], Virgine Amélie Gautreau[3] et Lillie Langtry[4]. Pour la première fois, on identifiait ces personnalités dont on pouvait apercevoir les effigies sur les vitrines des magasins de Fleet Street. L’ancêtre de la pin-up[5] était né.

Sur le plan artistique, les échanges entre la Grande-Bretagne et le continent ne sont pas en reste, quoique décriés par les français. Monet et Pissarro se réfugient à Londres pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Il en résultera des vues de Big Ben et du Parlement, des séries avec les ponts (Charing Cross, Waterloo…) pour sujet. Séduits par les paysages de Constable et Turner, les français s’enthousiasment pour les reflets miroitants de la Tamise, les gares et la banlieue de Londres. Si la vue du Havre d’Impression, soleil levant marque le coup d’envoi de la première exposition impressionniste, en réalité, c’était à Londres que le courant avait vu le jour.

Claude Monet, La Tamise à Westminster, vers 1871
Huile sur toile, 47 x 73 cm, National Gallery, Londres

La même année, Frederick Leighton accueille Daubigny dans son atelier. Si les peintres français peinent à se faire connaître en Grande-Bretagne, les anglais en revanche ne négligent pas l’influence des maîtres du continent : beaucoup viennent à Paris pour s’en inspirer. Alma-Tadema partage avec Gérôme le goût pour les sources antiques, Leighton s’inspire de Bouguereau et Ingres, l’olympien Edward Poynter (1836 – 1919) étudie sous l’égide du néoclassique Charles Gleyre. Dans son atelier, il rencontre Whistler.
En 1895, Robert de la Sizeranne compare, non sans fierté : « nous avons une notion plus claire de l’école de Phidias ou de l’art des Pharaons que la peinture anglaise – qui est à deux heures de la France et qui est vivante ». En effet, la révolution picturale qui bouleverse la Grande-Bretagne ne trouve que peu d’échos sur le continent. Mais la réciproque est aussi vraie : il faudra atteindre la fin des années 1880 pour que l’impressionnisme pénètre Londres et ses alentours. Ces deux nations modernes jouissent d’une avant-garde esthétique aux motivations diamétralement opposées. Si peintres et aquarellistes partagent le refus des normes académiques, la modernité française est synonyme de bouleversements tant bien sur le plan thématique que technique. A l’inverse, les préraphaélites et décadents anglais désirent rompre avec les enseignements de la Royal Academy (qui promeut un art jugé obsolète et frivole) en recherchant les sources d’influence dans un passé lointain et fantasmé.
Edward Poynter, La Grotte aux nymphes de la tempête, 1902
Huile sur toile, 145,9 x 110,4 cm
Norfolk Hermitage Museum, Virginie

C’est ce qu’Ernest Chesneau tente de résumer en publiant en 1882 une étude française inédite sur l’histoire de l’art britannique, tout en récusant l’absence d’innovation matérielle. Grossière erreur : les préraphaélites, également adeptes de l ‘exercice en plein air, enduisaient au préalable leur toiles d’un vernis blanc, laissé humide pour appliquer la peinture au pinceau très fin et rendre les couleurs plus brillantes.
Grâce aux féministes et autres spécialistes qui se passionnent pour l’art anglais et la représentation des femmes depuis les années 1970, nous redécouvrons petit à petit des œuvres acclamées de leurs temps, puis oubliées, parfois considérées comme perdues ou détruites car accusées de mauvais goût. Peu de périodes ont autant souffert des exigences du public et de la pression du marché : ainsi, l’on voit parfois réapparaître ces tableaux qui ont finalement peu changé de propriétaires. Le producteur de télévision américain Allen Funt fait ainsi figure de pionnier en la matière en amassant une importante collection d’Alma-Tadema. En Grande-Bretagne, c’est le compositeur de comédies musicales Andrew Lloyd Weber qui depuis sa jeunesse a préservé des chefs d’œuvre d’artistes méconnus. Enfin, l’un des plus grand collectionneurs du monde, le mexicain Juan Antonio Perez Simon, possède un nombre significatif de peintures victoriennes qu’il a prêté pour l’exposition itinérante A Victorian Obsession, remaniée en France sous le nom de Désirs & Volupté.


Plus récemment, les marchands d’art et musées ont bénéficié de la crise économique pour acheter tableaux, dessins et esquisses. Plusieurs galeries spécialisées dans la peinture victorienne ont vu le jour dans le quartier de Mayfair, à Londres, mais aussi aux Etats-Unis et au Canada. Il reste encore beaucoup à faire. Même les plus récentes expositions sur le sujet n’adoptent pas véritablement de position transgressive mais plutôt une technique commerciale attractive afin de susciter l’intérêt du public français pour une production visuelle qui commence tout juste à être appréciée Outre-Manche.
Elizabeth Adela Stanhope Forbes, Femme nue à genoux
Crayon et sanguine, 19 x 27,6 cm


Nous attendons en effet de nouvelles recherches et accrochages qui ébranleraient la sensibilité de certains spectateurs pour que ceux-ci s’aperçoivent que le nu par exemple, accepté dans la peinture académique ou figurant dans le sujet d’inspiration féérique, n’a pas sa place dans la scène de genre, tout en se rendant compte des avancées de la période victorienne en matière de considérations sur la sexualité. Les attitudes de conservateurs et universitaires ont bien changé depuis l’époque où on croyait les victoriens prudes à l’extrême. La réalité est plus complexe. L’ostentation de la chair féminine obsédait littéralement les contemporains. Parce que les français raillaient les artistes britanniques, incapables, selon eux, de réaliser des tableaux inspirés de la tradition classique, les victoriens ont su faire accéder un nouveau type de langage pictural au rang d’art officiel. En 1862, l’Art Journal définit la touche anglaise en termes d’élégance, de sobriété et d’empathie avec le sujet représenté. Il serait temps que la France accepte cette vision d’un art qui, de son temps, a su se distinguer par son respect des convenances, mais aussi par son aspect subversif…




[1] Toute une polémique s’est développée autour de l’éventuelle destruction de ces esquisses. Selon les biographies de Ruskin et Turner publiées au début des années 2000, le collectionneur les aurait brûlés en 1858 pour ne pas ternir la réputation de l’artiste. L’évaluation de certains de ces dessins en 2005 par le conservateur de la Tate et spécialiste de Turner Ian Warrell aurait permis d’affirmer le contraire. Pour aller plus loin, voir l’article du Guardian sur http://www.theguardian.com/uk/2004/dec/31/arts.artsnews
[2] Mary Cornwallis-West (1858 – 1920) ou « Patsy » était l’une des maîtresses d’Edouard le fils de Victoria et Prince de Galles. Mary fut célèbre pour avoir usé de son influence sur son amant pour arranger les mariages de ses enfants issus de son union légitime avec des membres de l’aristocratie anglaise. En 1915, elle se lia avec un soldat estropié de plusieurs années son cadet. Un scandale éclata lorsqu’elle tenta d’obtenir la promotion ce dernier.
[3] Madame Pierre Gontreau (1859 – 1915) posa pour le fameux Madame X de Sargent qui indigna la critique au Salon parisien de 1884 (voir notre article sur le portrait pour plus d’informations à ce sujet). Originaire de la Nouvelle Orléans, Virginie s’installa à Paris dès l’âge de huit ans. Pour l’entretient de ses cheveux et renforcer son teint pâle, elle employait du henné et de la poudre à base d’huile de lavande.
[4] Lilly Langtry (1853 – 1929), surnommée « Jersey Lilly » en raison de ses origines anglo-normandes était une actrice réputée pour sa beauté et ses amants célèbres.
[5] La pin-up est une femme figurant sur des photographies ou illustrations bon marché qu’on accrochait sur les murs. Les modèles adoptaient une pose aguicheuse, symboles d’érotisme régulièrement remis au goût du jour.




The visual persistence of Tennyson's "Lady of Shalott"

After the publication of the Moxon edition of Tennyson’s poems in 1857, art critic John Ruskin wrote a letter to the author, who had complained about unfaithful Pre-Raphaelite illustrations of his ballad ‘The Lady of Shalott’. John Ruskin pointed out that: ‘Many of the plates are very noble things, though not (…) illustrations of your poems. I believe, in fact, that good pictures never can be; they are always another poem, subordinate but wholly different from the poet’s conception, and serve chiefly to show the reader how variously the same verses may affect various minds’.
‘The Lady of Shalott’ tells the story of a lady locked up in a tower on an island, secluded from Camelot. She is cursed to weave on a tapestry reflections she sees from the outside in a mirror. The Lady is forbidden to look at the exterior, otherwise she is to die. One day, she sees Sir Lancelot’s reflection, falls in love with him so cannot help but look across the window. Knowing she is doomed, the Lady gets on a barge and floats down towards Camelot, singing her last song. When she arrives, dead, Lancelot barely notices her, only commenting on her beauty.
Lord Alfred Tennyson’s poems were extremely popular during the Victorian era: after Wordsworth’s death in 1850, he was appointed Poet Laureate by the Queen until 1892. During his life and after his death, Tennyson’s ballads - especially ‘The Lady of Shalott’ and ‘Elaine’ - were over-represented at the summer exhibitions of the Royal Academy. John William Waterhouse (1849 – 1917) produced three versions of ‘The Lady of Shalott’, depicting different moments in the poem. As opposed to Pre-Raphaelite painters illustrating the Moxon edition, little is known about Waterhouse’s biography and personality; studies about his work are relatively scarce. How one can explain that this painting is so iconic and that ‘The Lady of Shalott’ became a recurrent subject-matter in nineteenth century British art?

John William Waterhouse, The Lady of Shalott, 1888
Oil on canvas, 153 x 200 cm
Tate Britain
The visual impact of Tennyson’s ballad partly accounts for the growing interest in representing The Lady of Shalott on canvas. The poetic and chronological structure functions in terms of tableaux: the ballad is divided in four parts, each recording another step in the course of the storyline, like paragraphs in prose. Part I describes the setting. Part II is about the Lady and her curse, while the third part registers the breaking of the spell. In the last part, the main protagonist puts an end to her life. The various sections reach a climax before ending up on the chorus ‘The Lady of Shalott’: ‘She knows not what the ‘curse’ may be/ And so she weaveth steadily/ And little other care hath she/ The Lady of Shalott’.

The boat scene follows the climax of the plot, when the Lady breaks her spell: ‘And down the river’s dim expanse (…) Did she look to Camelot. And at the closing of the day/ She loosed the chain and down she lay’. Besides, setting the scene just before nightfall suggests that it is the twilight of the Lady’s life. It also provides readers with a partial glimpse of the Lady’s appearance, while she is never characterised in physical terms otherwise, there she adopts a ‘glassy countenance’, and her dress is described as ‘snowy white’. On the whole, the scene functions in terms of contrasts, between interior/ exterior, contemplation/ action, her austere existence/ the tapestry’s colourful designs. This thematical complexity embodied a challenge for visual artists who had to juxtapose these elements in a single image.Each stanza is built the same way. It contains nine lines with an aaaabcccb rhyme scheme. The simplicity of the rhymes evokes an ancient tale, a device reinforced by the use of linguistic archaisms. The anaphoric final line of each stanza provokes an impression of falling rhythm; the alternation between stressed and unstressed syllables enhances the story’s musical quality. Rather than being strictly narrative, each stanza might be regarded as a static panel. In the first part, the setting conveys a pastoral, idyllic atmosphere. The poet displays intensity of detail, using the lexical field of nature, bringing out plants, trees and flowers. Tennyson highlights this visual dimension by resorting to metaphors and figures of speech: the polyptotom ‘reapers, reaping’ conjures up the cyclical status of nature, reproduced onto the tapestry (‘there she weaves by night and day’). The integration of a visual form of art in the poem provided artists with rich material to depict key instants from the story.

Tennyson’s ballad became increasingly popular after its publication. He was careful to tune his works to the sensibilities of his audience. Even though Tennyson’s poetry meant to be didactic, the absence of a clear message left the boat scene open to interpretation. It problematised the relationship between fiction and reality in parabolic terms: earlier on, the narrator implies that the Lady is satisfied with her situation, that she does not want to face reality because it is equated with pain and death; some images of her tapestry portray burials for she has seen funeral processions passing by the window. The moment when the Lady goes out of the tower represents her first contact with the outside, whereas she used to be compelled to gaze at reflections of the exterior. She accepts to experience love and death, and so to live as a mortal being. In a way, Tennyson reconfigured Plato’s myth of the cave for a Victorian audience. The combination of naturalistic details and supernatural elements increases the story’s imaginative potential; it enabled artists to create ambiguity between realistic handling of the subject and some sense of fantasy. Mystery comes from the unknown nature of the curse. Besides, the unnamed Lady seems endowed with magical powers, she is thought to be ‘a fairy’. 
John William Waterhouse, The Lady of Shalott
1894, oil on canvas, 142 x 86 cm
Leeds City Art Gallery 
Tennyson’s fame in the 1850s coincided with the development of literary illustration. New techniques for reproducing paintings, like wood engraving, were made cheaper and more accessible. These were made as mass-produced commercial items, while fine art in oils appealed predominantly to connoisseurs or wealthy collectors. Middle-class patrons were supposed to decipher literary references, even though quotations were not attached to artworks. Artists – especially Royal Academicians such as Waterhouse – deliberately required their well-educated viewers to recognise the initial source, to satisfy their learning. But instead of producing a piece for a specific individual, even fine artists were painting for an anonymous audience. Their pictures could be seen in a review, printed on a journal, through an engraving, or in a public exhibition. The importance of the original diminished since reproduction was progressively more lucrative than the price obtained for the initial painting. The recuperation of ‘The Lady of Shalott’ by popular culture was vividly criticised by Tennyson: ‘Why am I popular?’ he wrote to his friend William Allingham, ‘I don’t write very vulgarly’.
Tennyson’s reluctance to be identified with the masses – despite the fact his publications in gift books or periodicals boosted his income – revealed his concerns about the material form his poetry took. Artists’ responses to the poem could be highly personal, as shown in Hunt’s oil version of his Moxon illustration. The poet had chastised this depiction of the Lady, whose hair flowing upwards made her appear as a wild, sensuous woman. Tennyson disliked illustration as a genre, not just because it connected his poetry to the marketplace, but also because representations were increasingly independent from the initial source. Paintings of the ballad were indeed physically detached from the verse, unlike illustrations.

The boat scene started to be popular in the late nineteenth century only. Waterhouse’s use of large format and pyramidal composition strike the viewer’s attention. Unlike any representation of the boat scene, the lady is sitting. The image works like a text, from the left, to the right: the stern’s curve is joined to the stairs leading to the tower, where the Lady had formerly been imprisoned, and the tapestry’s colourful designs recall the Lady’s past life. Waterhouse took up elements of previous drawings absent from the text: the lantern and the three candles on the prow – two of them being already out – suggesting her imminent doom. The obscure handling of the background provokes an impression of depth; it also indicates the Lady’s journey to the world of the dead.The topic attracted Pre-Raphaelite artists on account of its spiritual nobility, nostalgic atmosphere, and the theme of unrequited love. They preferred the inexplicit ballad to Tennyson’s Idylls of the King: its interpretation was not straightforward. William Holman Hunt (1827 – 1910), Dante Gabriel Rossetti (1828 – 1882) and John Everett Millais (1829 – 1896) had already represented young women on the verge of dying. It is then not surprising that many artists decided to depict the apex of the plot, summarized in the anaphora: ‘she left the web/ she left the loom/ she made three paces through the room’. These lines were the most well-known of the poem, and what readers remembered from it, because it enclosed the dramatic intensity of the story. 
William Holman Hunt, The Lady of Shalott
1886-1905, oil on canvas, 143,7 x 186 cm
Wadsworth Athaneum
For Hunt, concerned about the morality of his pictures, the breaking of the spell symbolised a moment of revelation. His awareness of painting’s temporal restrictions is displayed through the combination of two instants: the picture shows the Lady looking at Lancelot and the web flowing. Waterhouse’s depiction of the spell breaking is remarkable for the lady’s intense gaze, directed at the viewer. He painted the ‘I’m half-sick of shadows’ scene too, just before the Lady sees Lancelot. It allowed him to represent a woman at a window, a theme popularised by the Pre-Raphaelites, whose erotic appeal was suggested through the pose, releasing her muscles from hours of weaving.
Stylistically, Waterhouse’s Lady of Shalott was at the crossroads of various traditions. Waterhouse reconfigured history painting by adapting it to the Victorians’ passion for subject-matter. Victorian audiences were extremely demanding about the authenticity of the model’s action, its role in the painting. In The Lady of Shalott, the emphasis is on the model’s individuality, pose and expression. The realism of the scene is rendered through naturalistic treatment of detail and diverse textures: her eyes are swollen because of crying, her finely delineated features contrast with the softer treatment of her hair. Waterhouse does not idealise his model; she is not particularly beautiful. Art critic F.G. Stephens disliked the woman’s ‘commonplace’ look, a term that often used for Pre-Raphaelite models.
Though initially against the Royal Academy, the Pre-Raphaelite Brotherhood had progressively been institutionalised as a national school. The choice of literary sources (Shakespeare, Arthurian legends, Tennyson), British models and locations enabled the Brotherhood’s works to belong to cultural heritage. Their choice of subject-matter was constantly re-defined by late Victorian artists who freed themselves from the Brotherhood’s formal doctrines. Waterhouse’s emotionally charged themes, dense compositions and rich colour palette explain why he was said to belong to a third Pre-Raphaelite generation.

The Lady of Shalott embodied a turning point in Waterhouse’s career. Of all his recurrent themes, the Lady of Shalott, along with Ophelia and Miranda, were the British heroines he represented at least twice. It precluded Waterhouse’s shift to English literature and medieval romance. Since then, Lawrence Alma-Tadema and Frederic Leighton’s influence had led him to interpret scenes derived from Ancient history or Greco-Latin mythology. Waterhouse’s other medieval subjects were inspired by the works of Romantic poets, such as Tennyson (Saint Cecilia), Keats (La Belle Dame sans Merci), all of them focussing on the tragic destiny of female characters. The Victorians perceived Arthurian legends as a powerful model of  nationalism. Queen Victoria herself declared medievalism of public importance, she revitalised the Camelot court as a promise of order and civilisation. It provided Britons with a certain code of behaviour; its element of escapism symbolised an alternate set of values against the rise of materialism and secularisation. It stood for a meaningful, spiritual standard of stability. John Atkinson Grimshaw (1836 – 1893) on the other hand, reinforced the morbid aspect of the narrative by setting the scene at twilight, a device  making the ominous shape of the boat stand out against the reddish blood background.
John Atkinson Grimshaw, The Lady of Shalott, 1878
Oil on canvas, private collection
Even if Waterhouse’s lady appeared more physically mature, all characters embodied the medieval ideal of the fair maiden. Symbolically, her white dress alluded to purity. She was represented as a martyr in swoon that Tennyson called ‘the highest type of woman’, whose ‘loss’ was to be regretted. ‘The Lady of Shalott’ typified a transposition of the chivalric ideal of courtly love favoured by the Victorians, with the difference that the male role was less significant, despite his responsibility in the Lady’s death. Tennyson re-adapted the theme of courtly love by emphasising the Lady’s loneliness, her passion seeming platonic and secret, devoid of physicality. Paradoxically, the boat scene on canvas looks sensual and transcendent, reversing the traditional pattern of the knight’s devotion to his Lady: she abandons herself entirely to love.
In many respects, Waterhouse’s Lady of Shalott is a typical British subject-matter. The model may look ordinary, but the artist was careful to depict an English beauty. During the Victorian era, scientists and ethnologists investigated about Celtic physical traits. It was believed that pale skin, auburn or Venetian blonde hair were their characteristic features; scientists actually debated whether the Arthurians were red-head Celts or very fair Anglo-Saxons. The Lady’s features can be perceived as a combination of the Celtic and the Anglo-Saxon looks. Waterhouse reinforced Celtic authenticity through the Lady’s dress and accessories (girdle, necklace, tiara), appealing to the Victorian taste for costume drama. By elaborating on the original source, Waterhouse reinterpreted the poem’s feeling of medievalism, while Tennyson’s medieval imagery was only conveyed through the location of the island and language. 
Many art critics praised Waterhouse’s painting for its poetic aspect, because of its ability to convey a certain atmosphere. Waterhouse selected the moment within the incident to hold the viewer in contemplation. Though less dramatic than Hunt’s or Waterhouse’s 1894 version, the 1888 picture froze a moment of transition: from the inside of the tower to the outside world, from love’s desperation to death. Rather than being strictly narrative, The Lady of Shalott was supposed to express a mood of melancholy through graceful forms, tonal harmony and evocative autumnal hues.

Waterhouse sought to address in The Lady of Shalott contemporary debates about the role of the artist in society and questions about women’s condition. The ballad interrogated the relationship between the artist – a weaver – and reality, the artist’s contact with the outside materialising in destruction. If Tennyson implied that the true artist should keep away from the outside, Waterhouse’s painting re-adapted the issue of problematic creativity. Tennyson described the setting as an idyllic utopia, whereas Waterhouse’s landscape is a reflection of the Lady’s inner state of mind, hence its gloomy aspect.With the addition of meaningful symbols – lantern, tapestry, candles, crucifix – the Lady became the artistic agent of her death: in Waterhouse’s painting she fashions her funeral as a work of art. The 1888 version showed the main protagonist as a beautiful figure to be looked at, but the Lady faces the spectator’s gaze too. Waterhouse exposed the metamorphosis of the Lady from artist to woman by enhancing her physicality. The draperies reveal the Lady’s breast and belly, alluding to sensuality and potential fertility, whereas Tennyson’s Lady is presented as an unattainable, pure character. 
John William Waterhouse, I Am Half-Sick of Shadows
1915, oil on canvas, 100 x 74 cm
Art Gallery of Ontario, Toronto 
In the Victorian era, the most popular form of modern moral subjects was the representation of the fallen woman, who fell from grace by losing her innocence. The expression came to be closely associated with the loss of a woman’s virginity. The fallen woman often featured as a red-head because of her biblical association with prostitute Mary Magdalene. The subject combined conflicting notions of femininity, such as innocence/ experience, virgin/ whore, redemption/ responsibility, at a time when the “woman’s question” was raised in social terms. The Victorians regarded the domestic, married woman as the epitome of respectability whose role was to preserve the purity of the home, whereas the prostitute or the adulteress was conceived in terms of deviance.

The Lady’s face in fact displays a strange combination of the childlike and the erotic, between sexual awakening and religious revelation. Desire is fashioned both as liberation and destruction. Waterhouse reconfigured the traditional Renaissance association between sensual ecstasy and spiritual rapture to infuse it with some decadent sensibility. The Lady’s pose in Waterhouse’s painting expresses both abandon and terror. The scene stands for a transition from one state – innocence – to another – sexual knowledge – a theme Waterhouse readapted countless times in his later paintings. The Lady of Shalott blends the fair maiden ideal with the prototype of the femme fatale. This picture discloses Symbolist touches through its decadent figure embodying the fears and desires of the male gaze. The topic attracted late nineteenth century artists because of the sensuality aroused by the Lady’s recumbent yet beautiful body.     Moreover, the association between woman and water increases the picture’s sense of mystery. The drowning woman motif evoked the mythological tradition of the dead driven to the Underworld by boatswain Charon. The Lady of Shalott provided Waterhouse with a decadent theme that delineated the parallel between the aquatic element and female curves.

Sophie Anderson, The Lily Maid of Astolat, 1870
Oil on canvas, 158,4 x 240,7 cm
Walker Art Gallery, Liverpool
The fact that the Lady was perceived as weak and delicate can entice us to regard the scene as the locus of male dominance, symbolising desires for feminine passivity. In that sense, the Lady serves as a fetishistic commodity. The fulfilment of the Lady’s destiny can only be accomplished in death since she is guilty of sexual awakening. Her desire cannot be but auto-destructive. The Lady’s madness becomes the agent of her redemption through transcendence. Her death accounts for her heroic qualities. It is worth mentioning that these paintings were directed at a predominantly male audience. Still, the Lady might also be viewed as the independent ‘New Woman’ controlling her destiny, looking almost ominous. She is active in the weaving of her own story which outcome is self-sacrifice. The Victorians recognised the Lady as making choices like a man would, refusing to act passively.

The preservation of The Lady of Shalott as a powerful image is made possible thanks to the timelessness of the setting and story. Its pictorial force comes from this ability to reconcile high culture and popular subcultures, by appealing to well-learned viewers who enjoy Tennyson’s ballad and spectators who do not need to know the poem to appreciate the picture. Even though she is fully clothed, the Lady might have encouraged fantasy in the Victorian subconscious without forcing the viewer to stare at a completely nude figure: for the Victorians, who saw little flesh in daily life, the suggestion of the Lady’s curves through her draperies was highly erotic. Nowadays, the picture’s fame might be explained by its contrast with explicit erotica available on demand. The Lady of Shalott displays a fantasy of romance rather than banal sexuality. The Lady’s radical dissociation from any social context and her incarceration in a tower for reasons unknown enticed artists and viewers to draw diverse interpretations from it. The ambiguous conception of femininity, its paradox between the Lady’s self-fulfilment and submissive attitudes account for its charms. Eventually, Waterhouse’s choice of subject-matter overcame the literary knowledge of the average viewer, its force lying in its dramatic simplicity and appealing mood.

Bibliography
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Laurent, Béatrice. Sleeping Beauties in Victorian Britain: Cultural, Literary and Artistic Explorations of a Myth. Oxford: Peter Lang, 2015
Pollock, Griselda. Vision and Difference: Feminism, Femininity, and the Histories of Art. London and New York: Routledge, 2003
Poulson, Christine. The Quest for the Grail: Arthurian Legend in British Art (1840 -1920). Manchester and New York: Manchester University Press, 1999
Psomiades, Kathy Alexis. Beauty’s Body: Femininity and Representation in British Aestheticism. Stanford, California: Stanford University Press, 1997
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Trippi, Peter. J.W. Waterhouse. London: Phaidon Press, 2005
---. J.W. Waterhouse (1849 – 1917), The Modern Pre-Raphaelite, exhibition catalogue. London: Royal Academy Publications, 2009



Reclaiming female agency with Elizabeth Prettejohn

From Harvard University, American art historian Elizabeth Prettejohn is one of the major researchers on painting of the Victorian era. She exclusively confided in the latest developments about the core of the matter.





Les Carnets de Viviane: How did you get interested in the art of the Victorian era?
Elizabeth Prettejohn: I did my first degree at Harvard University and at that point I was most interested in nineteenth-century American art. When I came to London to do the Master’s degree at the Courtauld Institute of Art, I thought that I would be in England only for a short period and that I should therefore take advantage of the opportunity to study British art. That was in 1985 and I have never gone back to America – and am still studying Victorian art! I suppose, therefore, that you could say that my interest had an element of chance or serendipity about it. However, I was also fascinated by a problem that I encountered, and didn’t understand: British Victorian art had a very low reputation at the Courtauld, the principal British institution for the study of the history of art. It had an even lower reputation in the States; I had scarcely encountered it at all in my undergraduate course at Harvard, even though the Fogg Art Museum at Harvard had an excellent collection of Victorian artworks. I wanted to understand why this thriving period of art production had such a low academic and scholarly status; that motivated me to embark on studying it. Since I still don’t understand why that is so – I am still studying Victorian art.

Albert Moore, Juin flamboyant, 1885
Huile sur toile, 47 x 47 cm
Musée d'Art de Ponce, Porto Rico

LCdVV: When and how did you feel the representation of women was a key issue for specialists who research the period?
E.P.: From the first moment I began to study the period, it was obvious that the representation of women was an important endeavour for Victorian artists and the Victorian artworld. In my early work I was most interested in the artists of the Aesthetic Movement (Leighton, Rossetti, Whistler, Burne-Jones, Moore, Solomon, Watts); later I became interested in the Pre-Raphaelite circle – for all of these artists, the representation of the female figure was a crucial intellectual and aesthetic issue. However, the scholarship on that issue was generally weak and unenterprising; much of it was very biographical or anecdotal in character and focussed on the lives and loves of the women in Pre-Raphaelite or Aesthetic circles.

LCdVV: How would you place your work in relation to feminist and gender studies, notably those by Jan Marsh and Griselda Pollock? Do you think it is appropriate to dedicate studies only to female artists and models?

E.P.: I particularly admire the work of Deborah Cherry and Griselda Pollock, whose groundbreaking article of 1984 on Elizabeth Siddall really changed the field. Since then, other scholars have done extremely valuable work in bringing to attention a wider range of women artists; a particularly important example was the exhibition Pre-Raphaelite Women Artists, curated by Jan Marsh and Pamela Gerrish Nunn in 1998. However, the research done so far merely scratches the surface. Not only are there – quite literally – hundreds of Victorian women artists who remain unexplored in the scholarly literature; the existing studies even of the most famous of them (Siddall, Evelyn De Morgan, Joanna Boyce Wells, Marie Spartali Stillman) are very limited and tend to concentrate on the most basic issues about women’s position in the Victorian world. I feel strongly that scholars both of women artists (and models) and of Victorian art in general (including male artists) need much more sophisticated analytical methods for evaluating the aesthetic characteristics of works of art if we are to break new ground in writing the history of Victorian art. That history should include both male and female artists and models. Indeed, the male model is an area of great interest on which there has been astonishingly little research.


LCdVV: The relationship between some painters and their female models is quite problematic. How would you characterise it? Idealist? Misogynistic? Realistic? Stereotypical?
E.P: I consider women models to be equivalent in importance to artists as collaborators in the creation of works of art. Relationships between any two people can be problematic; I am not sure that relationships between painters and models have a special status in this respect. Certainly it would be impossible to generalise by using the terms you are suggesting. Indeed, it is a stereotype to describe the relationship between Victorian artists and their models as ‘misogynistic’ (for example). Take these different cases: Dante Gabriel Rossetti and Jane Morris; Julia Margaret Cameron and Alfred Tennyson; John Singer Sargent and Ellen Terry; Ford Madox Brown and Emma Hill; John Everett Millais and John Ruskin; Lawrence Alma-Tadema and Laura Epps Alma-Tadema. Any of those relationships may have been problematic; all of them were also inspirational and productive.

LCdVV: Can you tell us more about the role of women in the production and reception of Victorian art? Suzanne Fagence Cooper, for instance, asserts it was definitely ‘not passive’.
I agree with Suzanne. I believe that female models were co-creators of the works of art in which they appeared, and thoroughly active agents in the production of such works. Women were also important actors in the art world as critics (Elizabeth Eastlake, Anna Jameson, Emilia Dilke, Alice Meynell, and many others), as art theorists (George Eliot, Vernon Lee), as patrons (too many to list), and no doubt in a variety of other roles.


LCdVV: Please mention some fundamental names of female artists, models and patrons.
E.P: I have mentioned several of the more familiar names already. There are many more whose work as artists, models, and patrons deserves attention but who have been lost from view. Among my favourite artists of the period are Laura Epps Alma-Tadema, Sophie Anderson, Kate Bunce, Eleanor Fortescue-Brickdale, Christiana Herringham, Mabel Nicholson, Annie Swynnerton, Marianne Stokes, Phoebe Traquair, Ethel Walker, Henrietta Ward. I suspect that, had she lived beyond the age of 30, Joanna Boyce Wells would have been among the great artists of the nineteenth century (that is, among all artists, male or female).


LCdVV: Were there any recent groundbreaking exhibitions on the topic?
E.P: I have referred above to the exhibition of 1998, Pre-Raphaelite Women Artists, and it is disappointing that there have been no equivalently revelatory exhibitions in this area in the seventeen years since then. There have been some smaller ventures – for example, the interesting show on Eleanor Fortescue-Brickdale in Liverpool (2012, curated by Pamela Gerrish Nunn), the exhibition on Evelyn De Morgan at Blackwell, the Arts and Crafts house in the Lake District, this summer (2015), and the online exhibition curated by my colleague Katie Tyreman Herrington, Three Graces: Victorian Women, Visual Art, and Exchange (on Aglaia Coronio, Maria Zambaco, and Marie Spartali Stillman. It would be good to see a more ambitious exhibition.




LCdVV: Do you think there is still research to do? How could scholars improve the situation?
E.P: Yes, emphatically: everything is still to be done. Although I have been critical of the work of the first generation of feminist scholars, for writings that could sometimes lack nuance and sophistication, they had two virtues: they worked hard and believed wholeheartedly in their cause. The scholars of today would do well to follow their example in these two crucial respects.



jeudi 20 juin 2019

Elizabeth Siddal, muse préraphaélite ou artiste à part entière ?

Dante Gabriel Rossetti, Beata Beatrix
1864 - 1872, huile sur toile
86,4 x 66cm, Tate Britain
Dans la nuit du 10 février 1862, Dante Gabriel Rossetti, de retour chez lui après avoir enseigné au Working Men's College, trouva sa femme si souffrante qu'il fut incapable de la ranimer, malgré l'aide de quatre docteurs. Plus tôt dans la soirée, Rossetti avait déjà dû ramener Elizabeth Siddal chez eux. La jeune femme, qui avait développé une dépendance au laudanum - solution buvable bon marché à base d'atomes issus du pavot somnifère prescrite sous formes de gouttes depuis le 16ème siècle pour soulager les crampes menstruelles et acquérir un teint d'albâtre - depuis ses deux fausses couches en 1861, mourut d'une overdose, mais plusieurs sources s'accordent pour affirmer qu'il s'agissait vraisemblablement d'un suicide. Si la cause du décès fut qualifiée d'"accidentelle" par le médecin légiste, certains témoignages suggèrent que Rossetti découvrit une lettre d'adieu. Ford Madox Brown aurait alors conseiller à Rossetti de la brûler: à l'époque, le suicide était considéré non seulement comme immoral mais aussi illégal. Si la famille d'Elizabeth Siddal avait pris connaissance d'une telle preuve, elle n'aurait pas pu enterrer leur proche selon les rites funéraires chrétiens. Le cercueil fut ainsi enseveli au cimetière de Highgate en compagnie d'un recueil de poèmes de Rossetti. 

Depuis la fin du 19ème siècle, la légende d'Elizabeth Siddal n'a cessé de fasciner peintres, poètes et cinéastes. En décembre 2013, l'Arcola Theatre fit jouer une pièce éponyme inspirée de la vie de l'artiste, depuis sa découverte par les préraphaélites jusqu'à sa mort. La célèbre séance de pose pour Ophélie, la relation tumultueuse de Siddal et Rossetti ainsi que sa fin tragique ayant nourri de nombreux récits macabres ont fini par occulter la carrière de cette jeune femme hors du commun. Qui est véritablement Elizabeth Siddal ? Quelle artiste et poète se dissimule derrière cette modiste apparemment réservée ?


Enfance et adolescence
Elizabeth Eleanor Siddal est née le 25 juillet 1829 au 7 Charles Street dans le quartier de Mayfair à Londres. D'origine anglo-galloise, son père se plaisait à répéter que la famille était d'ascendance aristocratique. A l'instar de John Durbeyfield dans Tess of the d'Ubervilles de Thomas Hardy (1891), Charles Crooke Siddall  croyait qu'il était l'héritier d'une auberge prospère du Derbyshire. Toute sa vie, il dépensa sa fortune pour revendiquer ses droits. A la naissance d'Elizabeth, Charles possédait une échoppe de coutellerie. En 1831, les Siddall déménagèrent à Southwark, un faubourg insalubre situé dans le sud de la capitale. En 1833, Charles ouvrit un commerce au sein de sa propre demeure. C'est ici que naquirent les autres enfants: Lydia (la soeur dont Lizzie fut la plus proche), Mary, Clara, James, et Henry, élevés dans l'idée qu'ils provenaient d'une illustre famille.
Walter Deverell, La Nuit des rois, 1850
Huile sur toile, 102 x 132,7 cm
Forbes Magazine Collection, New York


Autodidacte, Elizabeth apprit à lire et à écrire. Très jeune, elle se mit à apprécier la poésie après la découverte des écrits de Lord Alfred Tennyson figurant sur un emballage, ce qui l'amena à écrire ses propres poèmes. Dans les années 1840, Lizzie entra au service de la modiste Madame Tozer. En 1849, le poète William Allingham, venu chercher sa maîtresse à la boutique, remarqua la jeune fille. Si l'écrivain ne trouva pas sa beauté particulièrement frappante, il pensa en revanche qu'elle pourrait faire un bon modèle pour son ami Walter Deverell (1827 - 1854); qui travaillait sur une scène inspirée de La Nuit des rois. Le modèle, assis à gauche, apparaît dans une scène déjà chargée d'érotisme. Siddal y interprète le rôle de Viola, la jeune fille nubile travestie en homme au service du Duc Orsino qui l'emploie pour plaider sa cause auprès de la comtesse Olivia. Deverell reconnut que Siddal incarnerait la parfaite Viola mais il reconnut qu'elle n'était pas une simple roturière; c'est pourquoi il persuada sa mère de présenter l'offre aux Siddall comme respectable. Elizabeth était certes flattée mais également méfiante. Rappellons qu'à l'époque victorienne, on percevait le métier de modèle comme analogue à la prostitution. Eleanor Siddal ne fut pas difficile à convaincre: conscient de l'état de santé délicat de sa fille qui espérait rentrer dans une école d'arts appliqués, elle admit que les conditions de travail seraient moins fastidieuses, et le salaire plus attractif. Il fut convenu que sa fille garderait sa profession de couturière à temps partiel. 
William Holman Hunt, Famille
anglaise convertie
, 1850
(détail), Ashmolean Museum
Ainsi débuta la carrière de Lizzie, que Deverell présenta aux autres membres de la confrérie préraphaélite. La nature exacte de sa rémunération est pourtant demeurée obscure. Elle ne pouvait recevoir le type de salaire que les modèles professionnels gagnaient, notamment pour les études de nu. Quelques indices glanés dans la correspondance de Rossetti suggèrent qu'elle posait gratuitement pour ses amis artistes. Hunt dépeignit Siddal dans le rôle de la religieuse soignant le curé pour son tableau Famille anglaise convertie, ainsi qu'en belle éplorée dans Valentin sauvant Sylvia de Proteus (1851), un sujet tiré des Deux Gentilshommes de Venise de Shakespeare. 
Dante Gabriel Rossetti
Elizabeth Siddal, 1854
Encre et crayon, 22,2 x 9,8 cm
Victoria and Albert Museum
Elizabeth Siddal incarne un type de beauté atypique, bien différent des canons de madones issus de la Renaissance qu'on trouvait dans la peinture d'histoire et de genre de l'époque. Si William Michael Rossetti loua son visage "exceptionnel", celui-ci apparaissait comme plutôt quelconque. Grande, les hanches et la poitrine peu marquées, elle portait les cheveux en chignon décoiffé ou lâchés. Siddal ne s'habillait pas comme les femmes victoriennes, préférant les robes amples avec manches bouffantes aux corsets et crinolines. Son épaisse chevelure rousse, son teint pâle, ses paupières lourdes et fines lèvres constituent les traits qui ont rendu l'esthétique des préraphaélites célèbre. Selon Georgiana, la femme du peintre Burne-Jones, leux yeux de Siddal étaient particulièrement envoûtants: ils étaient "merveilleusement lumieux (...) de couleur d'agathe". Ce portrait à la fois sensuel et intimiste représente Lizzie au regard fuyant, un motif récurrent dans les dessins de Rossetti des années 1850. L'artiste ne fait que suggérer la masse de cheveux de son amante grâce à de fines hâchures à la plume, une technique qui lui permettait de créer de surprenants effets de clair-obscur. 


John Everett Millais, Etude pour la tête d'Elizabeth Siddal, 1852
Graphite sur papier, 30,7 x 23,2 cm
Birmingham Museums and Art Galleries

Une brève mais fulgurante carrière
 A la fin de l'automne 1851, Millais et Hunt voyagent pour peindre sur le motif les paysages de leur Angleterre natale. Ils s'attardent dans le Surrey, non loin de la rivière Hogsmill. Il en résulte un tableau qui est demeuré célèbre: celui d'Ophélie, la toile pour laquelle Siddal posa toute habillée dans une baignoire remplie d'eau, chauffée au-dessous par des lampes à huile. Alors que le portrait était presque achevée, les bougies s'éteignirent. Millais, trop absorbé par son travail, ne s'en serait pas aperçu. Siddal attrapa une pneumonie, et son père menaça de traduire le peintre en justice s'il refusait de payer la note du médecin qui s'élevait à 50 livres.

Dante Gabriel Rossetti, Dante dessinant un ange le jour de la mort de Béatrice
1853 - 1854, Aquarelle et gouache sur papier
42 x 61 cm, Ashmolean Musem

Cette même année, Siddal et Rossetti qui s'étaient rencontrés lors de l'élaboration de La Nuit des rois (avec Rossetti dans le rôle du bouffon), deviennent de plus en plus proches. Rossetti, avec ses yeux d'un noir intense et ses cheveux bruns, incarnait alors le parfait archétype du héros romantique. Dés lors, Siddal et Rossetti ne se quittent plus. Il semblerait que c'est à partir de cet instant que Rossetti prit la décision de préserver jalousement celle qu'il surnommait avec affection "ma colombe" ou "Guggums", à l'exclusion de presque tous les autres modèles favoris des autres préraphaélites. Lizzie n'eut pas de mal à être convaincue après la désastreuse expérience d'Ophélie. Ils se seraient ainsi installés ensemble dans le quartier de Blackfriars. Leur ami Ford Madox Brown, l'un des rares visiteurs admis à Chatham Place par Rossetti, écrivit en 1856 dans son journal: "Rossetti m'a montré un tiroir rempli de dessins de Guggums, dieu sait combien (...) C'est une véritable obsession !". 
Dante Gabriel Rossetti, Rossetti posant pour Mademoiselle
Siddal
, 1853, encre et plume sur papier, 12, 9 x 17,5 cm
Birmingham Museums and Art Galleries
Les deux amants vivaient coupés de leur entourage familial et amical, dans un monde isolé, peuplé de rêves et de légendes médiévales. Ils partageaient non seulement les mêmes goûts littéraires, mais aussi une personnalité extravagante et une sensibilité à fleur de peau. Tous deux enclins à la dépression, ils étaient connus pour leurs sautes d'humeur bien avant leur addiction au laudanum. La première oeuvre de Rossetti dans laquelle figure Elizabeth Siddal est une aquarelle intitulée Le premier anniversaire de la mort de Béatrice (1853). Le jeune homme développe une étrange fascination pour son amante qu'il représente inlassablement, sur une centaine de dessins, gravures et esquisses. Progressivement, Lizzie le modèle se confond avec le personnage de Béatrice, la bien-aimée de Dante dont Rossetti partage le prénom et les origines latines. Rossetti était né Charles Gabriel Dante mais il changea son nom pour s'identifier à son mentor, le poète Dante Alighieri. Ce dessin à la plume évoque la nature fusionnelle de la relation entre l'artiste et sa muse. Rossetti a inversé les rôles traditionnels; cette fois-ci, c'est Elizabeth qui est assise à son chevalet et Gabriel qui pose pour elle.
Elizabeth Siddal, Dame attachant un fanion à la lance d'un
chevalier
, vers 1856, aquarelle sur papier, 13, 7 x 13, 7 cm
Tate Britain
Après les promesses de fiançailles avec Rossetti au début des années 1850, Siddal devient son élève. Elle dessine, peint et écrit. Elle est également encouragée par ses amies artistes Anna Howitt (1824 - 1884) et Barbara Leigh Smith (1827 - 1891), chefs de file des premiers mouvements féministes. Si John Ruskin trouvait, à l'instar des spectateurs de la Royal Academy, la beauté de Lizzie plutôt commune, il tomba suos le charme de ses aquarelles inspirées du cycle arthurien. En 1855, le critique d'art devint le mécène de Siddal et lui offrit 150 livres par an en échange de l'acquisition de toutes les oeuvres qu'elle produirait. Une rivalité avait commencé à poindre avec Rossetti, qui lui avait présenté Ruskin. Délaissé, Rossetti s'était réconforté auprès d'autres femmes comme Fanny Cornforth ou Annie Miller. Deux ans plus tard, Siddal déménagea à Sheffield et suivit des cours de dessins pour femmes. Elle commença à peindre la Dame attachant un fanion à la lance d'un chevalier en 1852, un sujet influencé par le thème de l'amour courtois. Comme l'artiste, la dame possède la taille élancée et une longue chevelure rousse, il pourrait s'agir d'un autoportrait. 

De la figure tragique au mythe du vampire
Les portraits de Rossetti montrent Siddal dans le rôle d'une sensuelle femme fatale ou de la demoiselle en détresse, brouillant ainsi les limites entre le réel et le fantasme. Ils transmettent tantôt une image sublimée de la muse, tantôt une idée de faiblesse. Sur le dessin du V&A présenté ci-dessus, Elizabeth Siddal s'appuie sur le rebord de la fenêtre. D'autres ébauches la représentent dans des poses similaires ou statiques, assise dans un fauteuil par exemple. Sa belle-soeur Christina Rossetti (1830 - 1894) décrit ce paradoxe à travers son sonnet "Dans l'atelier de l'artiste" (1856): 
Un visage ressort de toutes ses toiles
Une figure identique est assise, marche ou se penche
Il se repaît des traits de son visage nuit et jour
Non telle qu'elle est, mais telle qu'elle remplit ses rêves
Barbara Leigh Smith, Elizabeth Siddal, 1854
Graphite sur papier, 12, 5 x 9, 5
Mark Samuels Lasner Collection

Le portrait de Barbara Leigh Smith, réalisé à Hastings pendant la convalescence de Siddal, convoque une féminité pleine de dignité. Le modèle pose avec une couronne d'iris dans les cheveux. Son profil permet à l'artiste d'accentuer la noblesse de ses traits. 
Contrairement à la vision idéalisée des artistes masculins qui l'ont représentée, cette toile d'Elizabeth Siddal révèle un autoportrait sans concessions. C'est le seul tableau à l'huile que l'artiste produisit de son vivant. On y aperçoit non la beauté éthérée qui transparaît dans les dessins de ses contemporains, mais une impresson de lassitude. Vers la fin des années 1850, la relation Siddal/ Rossetti bat de l'aile. De retour à Londres, Lizzie attendit désespérément que l'artiste fasse sa demande en mariage. Elle était si malade que Rossetti dut la porter le 13 mai 1860, jour de la cérémonie. Après une fausse couche et un enfant mort-né, Lizzie souffrit de dépression post-natale.  
Elizabeth Siddal, Autoportrait, vers 1854
Huile sur toile, 20, 3 cm de diamètre
Collection particulière
La mort qui en résulta a donné lieu à de curieux récits d'horreur qui ont nourri la légende d'Elizabeth Siddal. Charles Augustus Howell, l'agent de Rossetti réputé pour ses talents de manipulateur, aurait été à l'origine de l'expédition pour déterrer le recueil de poèmes dissimulé dans le cercueil. Rossetti refusa d'être présent lors du service funèbre. C'est Howell qui se mit à diffuser le mythe du corps parfaitement préservé d'Elizabeth Siddal, recouvert par sa crinière rousse. Pendant les années 1860, on racontait qu'un vampire hantait le cimetière de Highgate. Bram Stoker se serait inspiré de cette histoire pour créer le personnage de Lucy Westenra, transformée en vampire par le comte Dracula. 
Les morbides rumeurs circulèrent très tôt: on murmure que Rossetti débuta la réalisation de Beata Beatrix en dessinant sa femme inconsciente. Il achève le tableau en 1872, pour la commémoration des dix ans de la mort de Siddal. Cette toile constitue l'apothéose de de son art, un portrait hommage à lêtre aimé figurant Siddal dans le rôle de Béatrice. Rossetti tente d'épurer sa relation houleuse en confondant son fantasme du personnage de la Vie Nouvelle avec le souvenir de la défunte. 
Le Bernin, L'Extase de Ste Thérèse
1647 - 1652, Statue en marbre (détail)
Rome
L'expression d'Elizabeth rappelle celle de la Sainte Thérèse par le sculpteur baroque Le Bernin, à la charnière entre l'extase religieuse et sexuelle. L'alouette qui apparaît dans un halo fait référence au saint esprit, à la différence que celui-ci est annonciateur de mort. Elle tient la fleur évocatrice du pavot, symbole du sommeil. Le cadran solaire indique l'heure du décès de l'héroïne. A l'arrière-plan, on remarque la présence de Dante et du pont Vecchio: Rossetti a choisi pour cadre la ville de Florence. Dans une lettre de 1871, il affirme que la toile n'est en aucun cas une transcription littérale de son deuil: "A la lecture de ce tableau, il faut se rappeler qu'il ne s'agit aucunement d'une représentation de la Mort, mais d'un état de transe qui saisit Béatrice (...), subitement ravie à la terre pour monter aux cieux". Beata Beatrix incarne une nouvelle étape dans la carrière de Rossetti: c'est l'une des premières huiles d'une série de portraits au cadrage à mi-corps. Ce tableau signe aussi son abandon de thèmes médiévaux, peut-être trop associés à son intense période de création avec sa compagne. 


Elizabeth Siddal possède sans aucun doute les traits féminins les plus illustres de la peinture préraphaélite. Elle incarna la première des "stunners" (terme appliqué aux modèles féminins), comme l'appelaient Rossetti et ses amis. Presque méconnue de son vivant, on a peut-être trop célébré et sa vie hors normes. Si conservateurs et historiens de l'art commencent tout juste à s'intéresser à sa production artistique, force est de constater que sa poésie ne fut jamais publiée de son vivant. Il convient de remettre au goût du jour cette artiste dont le talent a souvent été dénigré par rapport à l'influence de son maître. Notons à ce titre qu'aucune des oeuvres figurant Siddal n'est totalement fidèle: elles présentent la vision que l'artiste a du modèle. très peu de photographies où elle apparaît - permettant d'avoir une image plus réaliste - nous sont parvenues. 


De nombreuses études blâment Rossetti pour avoir abandonné sa femme à la fin des années 1850 en recherchant la compagnie de ses maîtresses. En réalité, peu de sources relatives à cette période nous sont restées. Il semblerait que les amants aient bel et bien vécu séparément, Siddal avec Ruskin eu Europe puis à Sheffield, Rossetti à Londres. Après la mort de sa femme, Rossetti tomba dans une profonde dépression. Incité par Howell, il devint alcoolique à partir de 1866. Rossetti vivait reclus dans son nouvel appartement de Cheyne Walk, en compagnie d’une curieuse ménagerie composée d’animaux exotiques (wombats, entre autres). Hypocondriaque, en proie à des crises d’angoisses, il envisageait sérieusement le suicide jusqu’à sa romance avec la femme de son ami William Morris, Jane. Pourtant, il peignit Beata Beatrix en témoignage de son affection pour celle qui le hanta toute sa vie. Il est fréquent d’opposer la dimension tragique des portraits de Siddal aux tableaux plus sensuels des autres modèles favoris de Rossetti. L’érotisme des dessins produits dans les années 1850 ou de Beata Beatrix permet d’apprécier la volupté des poses de Lizzie.

Depuis les années 1970, Elizabeth Siddal est devenue une star parmi les canons de beauté occidentaux, si bien que des auteurs tels Lucinda Hawksley n’hésitent pas à la qualifier de "top modèle préraphaélite". Elle incarne un idéal typiquement britannique : celui de la pâle jeune fille à la chevelure auburn et aux pommettes roses. Ophélie est un tableau si célèbre que de nombreuses femmes se plaisent à récréer la séance de pose en se plongeant toutes habillées dans une baignoire. Aujourd’hui encore, la fusion entre innocence et sensualité qui transparaît dans les œuvres représentant Elizabeth Siddal ne cesse de faire croître sa légende. 

Affiche du film Melancholia de Lars Von Trier, 2011
 


Bibliographie

Ouvrages généraux

Suzanne Fagence COOPER, ‘Lizzie Siddal’ in Pre-Raphaelite Art in the Victoria and Albert Museum, Victoria and Albert Museum Publications, Londres, 2003, pp.122 – 123

Elizabeth PRETTEJOHN, ‘Elizabeth Siddal : two interpretations’ in The Art of the Pre-Raphaelites, op.cit, 2000, pp.74 – 84

Ouvrages spécialisés

Elisabeth BRONFEN, Over her dead body : death, femininity and the Aesthetic, Manchester University Press, 1992

Robert Julian HAFNER, Mistress, model, muse and mentor : women in the lives of famous artists, Lulu Publishing, 2014

Jacky Colliss HARVEY, Red : A history of the Redhead, Black Dog & Leventhal Publishers, 2015

Jenny RIDD, A destiny defined : Dante Gabriel Rossetti and Elizabeth Siddal in Hastings, Edgerton Publishing, 2008

Monographies

Alicia Craig FAXON, Dante Gabriel Rossetti, Abbeville Press, 1989

Lucinda HAWKSLEY, Lizzie Siddal : the tragedy of a Pre-Raphaelite supermodel, Andre Deutsh, 2005

Jan MARSH, Elizabeth Siddal 1829 –

1862 : Pre-Raphaelite artist, Ruskin Gallery, University of Sheffield, 1991

---, The legend of Elizabeth Siddal, Quartet Books, 1992

Catalogues d’exposition

The Pre-Raphaelites, Tate Gallery et Penguin Books, Londres, 1984

Jan MARSH et Pamela GERRISH NUNN, Pre-Raphaelite women artists, Manchester City Art Galleries, 1998